Décidée en 1966 par les Nations Unies en mémoire du massacre de Sharpeville en Afrique du sud en 1960, où 69 personnes furent assassinées par la police lors d’une manifestation pacifique contre la loi d’apartheid sur les pass, cette journée est censée nous mobiliser chacun chez soi et chacun à l’écoute du monde.
En France, cette journée survient à un moment de grand émoi, et même d’effroi, alors qu’une monstrueuse bravade vient provoquer la République sur la solidité de ses fondations. En pleine campagne présidentielle, à un moment où la parole est abondante, l’écoute maximale, et où chaque mot vaut engagement.
Le drame de Montauban et la tragédie de Toulouse ne sont pas des faits divers. Au triple sens de leur gravité, de leur impossible intelligibilité et du fait qu’ils ne doivent pas faire diversion.
Il y a une démence meurtrière dans ces actes. Et peu importe le déclic. Aucune explication n’est recevable. Ces enfants assassinés n’ont rien à voir avec aucun sujet que l’on puisse supposer ou évoquer. Il y a des circonstances où toute hypothèse devient obscène.
Nous devons nous poser la question de savoir ce qui s’est décousu, défait, délité dans le monde que nous fréquentons.
Ces haines viennent de si loin !
Sommes-nous innocents de l’état du monde ? Quelle lecture laissons-nous donner du monde ?
Refuser le racisme n’est pas un exercice mondain, c’est un combat. Ce combat nous interdit de banaliser les propos qui en relèvent. D’absoudre, sous prétexte d’union nationale, ceux qui à longueur d’année ou de campagne électorale attisent les rancœurs, exacerbent le dépit, jouent avec la désespérance. Car aucune trêve ne peut combler les dévastations produites par les flots de haine qui ont déferlé autour du débat avorté sur l’identité nationale ; les dérives autour du pseudo-débat sur l’islam ; les querelles sur la déchéance de nationalité ; les manipulations concernant la viande hallal ; les éructations contre la bi-nationalité ; les déblatérations perfides et fourbes sur les civilisations supérieures ; l’agitation venimeuse du spectre migratoire.
Les haines viennent de loin, embrasées par le karcher, les charters, l’ADN, le discours de Dakar, celui de Grenoble, la stigmatisation des Comoriens à Marseille, les lois vestimentaires, les disputes alimentaires, l’épouvantaillisation du vote des étrangers.
Aucune trêve ne peut gommer ces mots aux filiations odieuses qui visent à justifier la violence des exclusions et des discriminations, à distiller des peurs qui ne sont peut-être pas toutes irrationnelles mais sont toutes mutilantes.
On peut créditer les deux principaux candidats d’une même solennité face au drame ; et même d’une égale sincérité.
Mais on ne peut faire comme si leurs paroles se valaient. Ni dans le passé, ni dans le présent.
Lorsque le candidat-président-sortant prend des accents cérémonieux pour appeler à l’unité nationale, on entend bien qu’il plaide pour une Union nationale.
Lorsque le candidat Hollande appelle au rassemblement autour de l’unité républicaine, on entend tout à fait autre chose. Non une négation de la Nation, la Nation est un fait. Mais une référence à la République, à la volonté, au choix, au destin commun, au projet, au contrat qui nous lie par la citoyenneté, sans distinction ni d’origine, ni de croyance, ni de quelque signe que ce soit. Un contrat civique et laïc. Pas le sort, mais un choix. Ni repli ni défensive, un dessein forgé ensemble.
Et ce cri mien : après, vite, très vite, labourer à la justice sociale, semer le respect, planter les droits réels, pour que pousse l’espoir sur le terreau où des gamins deviennent assassins.
Il faut rappeler ces vérités, pour qu’elles nous révoltent plus qu’elles ne nous meurtrissent, pour qu’elles nous redressent plus qu’elles ne nous abattent : le racisme tue. L’antisémitisme tue.
Nous avons la responsabilité de notre société mais aussi celle du monde. Nous avons l’obligation de faire que le monde devienne un lieu de rencontre, de partage, d’acceptation de l’autre. C’est beaucoup moins qu’une utopie. C’est simplement la condition pour que le monde ne sombre pas dans la barbarie.
Il nous reste donc à œuvrer, à batailler pour que tout près de nous et loin de nous émerge cette vérité énoncée par Frantz Fanon : « Je me découvre dans un monde où les choses font mal. Le Nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc. Il faut vouloir l’homme, où qu’il se trouve… Il y a ma vie prise au lasso de l’existence et ma liberté qui me renvoie à moi-même ».
En France, cette journée survient à un moment de grand émoi, et même d’effroi, alors qu’une monstrueuse bravade vient provoquer la République sur la solidité de ses fondations. En pleine campagne présidentielle, à un moment où la parole est abondante, l’écoute maximale, et où chaque mot vaut engagement.
Le drame de Montauban et la tragédie de Toulouse ne sont pas des faits divers. Au triple sens de leur gravité, de leur impossible intelligibilité et du fait qu’ils ne doivent pas faire diversion.
Il y a une démence meurtrière dans ces actes. Et peu importe le déclic. Aucune explication n’est recevable. Ces enfants assassinés n’ont rien à voir avec aucun sujet que l’on puisse supposer ou évoquer. Il y a des circonstances où toute hypothèse devient obscène.
Nous devons nous poser la question de savoir ce qui s’est décousu, défait, délité dans le monde que nous fréquentons.
Ces haines viennent de si loin !
Sommes-nous innocents de l’état du monde ? Quelle lecture laissons-nous donner du monde ?
Refuser le racisme n’est pas un exercice mondain, c’est un combat. Ce combat nous interdit de banaliser les propos qui en relèvent. D’absoudre, sous prétexte d’union nationale, ceux qui à longueur d’année ou de campagne électorale attisent les rancœurs, exacerbent le dépit, jouent avec la désespérance. Car aucune trêve ne peut combler les dévastations produites par les flots de haine qui ont déferlé autour du débat avorté sur l’identité nationale ; les dérives autour du pseudo-débat sur l’islam ; les querelles sur la déchéance de nationalité ; les manipulations concernant la viande hallal ; les éructations contre la bi-nationalité ; les déblatérations perfides et fourbes sur les civilisations supérieures ; l’agitation venimeuse du spectre migratoire.
Les haines viennent de loin, embrasées par le karcher, les charters, l’ADN, le discours de Dakar, celui de Grenoble, la stigmatisation des Comoriens à Marseille, les lois vestimentaires, les disputes alimentaires, l’épouvantaillisation du vote des étrangers.
Aucune trêve ne peut gommer ces mots aux filiations odieuses qui visent à justifier la violence des exclusions et des discriminations, à distiller des peurs qui ne sont peut-être pas toutes irrationnelles mais sont toutes mutilantes.
On peut créditer les deux principaux candidats d’une même solennité face au drame ; et même d’une égale sincérité.
Mais on ne peut faire comme si leurs paroles se valaient. Ni dans le passé, ni dans le présent.
Lorsque le candidat-président-sortant prend des accents cérémonieux pour appeler à l’unité nationale, on entend bien qu’il plaide pour une Union nationale.
Lorsque le candidat Hollande appelle au rassemblement autour de l’unité républicaine, on entend tout à fait autre chose. Non une négation de la Nation, la Nation est un fait. Mais une référence à la République, à la volonté, au choix, au destin commun, au projet, au contrat qui nous lie par la citoyenneté, sans distinction ni d’origine, ni de croyance, ni de quelque signe que ce soit. Un contrat civique et laïc. Pas le sort, mais un choix. Ni repli ni défensive, un dessein forgé ensemble.
Et ce cri mien : après, vite, très vite, labourer à la justice sociale, semer le respect, planter les droits réels, pour que pousse l’espoir sur le terreau où des gamins deviennent assassins.
Il faut rappeler ces vérités, pour qu’elles nous révoltent plus qu’elles ne nous meurtrissent, pour qu’elles nous redressent plus qu’elles ne nous abattent : le racisme tue. L’antisémitisme tue.
Nous avons la responsabilité de notre société mais aussi celle du monde. Nous avons l’obligation de faire que le monde devienne un lieu de rencontre, de partage, d’acceptation de l’autre. C’est beaucoup moins qu’une utopie. C’est simplement la condition pour que le monde ne sombre pas dans la barbarie.
Il nous reste donc à œuvrer, à batailler pour que tout près de nous et loin de nous émerge cette vérité énoncée par Frantz Fanon : « Je me découvre dans un monde où les choses font mal. Le Nègre n’est pas. Pas plus que le Blanc. Il faut vouloir l’homme, où qu’il se trouve… Il y a ma vie prise au lasso de l’existence et ma liberté qui me renvoie à moi-même ».
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