vendredi 6 avril 2012

L'UMP évite d'attaquer le candidat du MoDem !!

François Bayrou, dimanche au Zénith de Paris.

Malgré les attaques de François Bayrou envers Nicolas Sarkozy après la tuerie de Toulouse, l'UMP est convaincue que le candidat centriste ce tournera vers lui entre les deux tours de la présidentielle.

La consigne de l'Élysée est la même pour François Bayrou que celle en vigueur pour Jean-Louis Borloo et Dominique de Villepin avant que l'un, puis l'autre renoncent à se présenter: ne pas insulter l'avenir. Ne rien dire, ne rien faire qui puisse empêcher le candidat du MoDem de se rapprocher de Nicolas Sarkozy entre le 22 avril et le 6 mai.

Car à l'UMP, on en est désormais persuadé: François Bayrou n'a aucune chance de se qualifier pour le second tour. Dès lors, analyse Marc-Philippe Daubresse, ex-UDF aujourd'hui secrétaire général adjoint de l'UMP, «sa stratégie devrait être de favoriser la réunification de la famille centriste aux législatives». «Une famille dont la plupart des membres, précise-t-il, se sont engagés auprès de Nicolas Sarkozy dans la foulée d'Hervé Morin et surtout de Jean-Louis Borloo».

«Il a fait une erreur de jugement de campagne»

Ce pacte - unilatéral - de non-agression a subi de sérieux accrocs depuis les tueries de Montauban et de Toulouse. En mettant en cause ceux qui «versent de l'essence sur le feu à de seules fins électorales» et en assurant que «montrer du doigt les uns et les autres, c'est faire flamber les passions», «pour des raisons électorales», le patron du MoDem s'est attiré la condamnation unanime des dirigeants de l'UMP. D'autant que s'il n'a pas cité le nom de Nicolas Sarkozy, il a précisé aux journalistes qui couvraient son meeting qu'il visait le discours du président à Grenoble, le 30 juillet 2010.

«On est nombreux à n'avoir pas compris l'attitude de Bayrou, confirme Daubresse. La logique de son positionnement aurait dû l'amener à appeler au rassemblement national autour des valeurs républicaines.» Mais pour le député du Nord, il n'y a pas là matière à psychodrame. «Il a fait une erreur de jugement de campagne, c'est son problème», tranche-t-il. Un «problème» dont Bayrou doit être conscient, puisque dans une interview à Libération, mardi, il s'est défendu d'avoir mis en cause le discours de Grenoble.

Dans les sondages, des reports de vote pour Sarkozy
À l'UMP, on est persuadé que la montée de Jean-Luc Mélenchon va contraindre François Hollande à gauchir sa campagne, ce qui devrait inciter les électeurs de François Bayrou à réfléchir à leur choix de second tour. Il y a encore trois mois, d'après les sondages, près de 40% des sympathisants du candidat du MoDem envisageaient de se reporter sur celui du PS. Cette proportion s'est désormais inversée en faveur de Sarkozy, même si une forte incertitude caractérise toujours le vote Bayrou.

«En tout cas, témoigne Marc-Philippe Daubresse, je constate que des amis proches du MoDem qui, il y a trois mois, ne voulaient pas entendre parler de “mon” Sarkozy, ont changé d'attitude. La perception, dans l'électorat centriste, c'est que François Hollande ne peut être élu qu'avec l'appui de Jean-Luc Mélenchon et que le report du candidat du Front de gauche aura un coût politique. Et le programme “drapeau rouge et Internationale”, ça n'est pas vraiment la tasse de thé des centristes.»

Ni celle de Bayrou, d'ailleurs. Mais les militants du MoDem sont plus à gauche que leur candidat. Et eux ne se résoudront pas facilement à la perspective d'un rapprochement avec Nicolas Sarkozy.

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